Valetah

« Rappelle-toi ! », ma chanson pour la prévention du féminicide conjugal

Les déclarations d’amour, souvent proférées avec solennité, se dissipent parfois aussi rapidement qu’elles sont prononcées. Ma chanson « Rappelle-toi ! » se dresse comme une alarme poignante contre le fléau du féminicide conjugal.

À l’approche de la Saint-Valentin, les griots de l’amour se préparent à une nouvelle célébration. « Rappelle-toi ! » n’est pas simplement une chanson, c’est un cadeau destiné à toutes les âmes amoureuses du monde, les exhortant à se souvenir que le plus difficile est de ne pas oublier.

crédit : Valetah – pochette de ma chanson « Rappelle-toi ! » pour la prévention du féminicide conjugal

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Faire face à la hausse des féminicides

« Rappelle-toi ! » sonne comme une sirène face à la montée des féminicides. Selon le dernier bilan de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et ONU Femmes, plus de 640 millions (26 %) de femmes âgées de plus de 15 ans ont été victimes de violences de la part d’un partenaire intime, actuel ou passé. Quand ces victimes n’ont plus la force de crier, un nombre significatif d’entre elles restent silencieuses à jamais.

En dépit de la pléiade d’études analysant le fléau, la hausse croissante des cas de féminicide conjugal dans le monde demeure sans mobile censé. Pourquoi des êtres qui se sont librement choisis – contrairement à Rama, la malheureuse enfant – se retrouvent-ils à se déchirer, souvent en spectacle à leurs progénitures, jusqu’à ce que survienne l’irréparable ? Cet effarement m’a inspiré cette comédie musicale intitulée « Rappelle-toi ! ».

Crédit : Canva

« Rappelle-toi ! » ou Les martyr.es de l’amour

« Rappelle-toi ! » ouvre le rideau sur le récit des serments d’un jeune couple passionnément épris l’un de l’autre, jusqu’au jour où tout s’efface de leur mémoire. En tant que martyrs de leur amour, Ana et Solin se rejettent mutuellement la faute, alors que les témoins de leur union les conjurent de se rappeler leurs engagements pour protéger leur fille du martyre de l’orphelinat.

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En Afrique, lorsqu’un couple est au bord de la rupture, les proches militent souvent en faveur d’une réconciliation totale, invoquant le fameux « pour le bien des enfants ». Ma chanson rappelle que bien que se souvenir des débuts et des engagements solennels soit crucial pour surmonter les difficultés, il est parfois impératif de renoncer afin de se préserver mutuellement du pire, surtout « pour le bien des enfants ».

Paroles de « Rappelle-toi ! »

RAPPELLE-TOI par Valetah

COUPLET 1 LUI ( SOLIN )

Ma tendre fleur, ma vie pour la vie 
De tout mon cœur, je t'aimerai 
De tout enfer, je te préserverai 
Que Dieu m'en soit témoin, oh oui, je t'aimerai 
Toute ma vie, à tes soins, je te protégerai

 Et dans ton cœur, jamais de la peine 
Jamais ma fleur, à jamais, ma reine
 De tes yeux, aucunes larmes pour mes péchés
 Par les cieux, jamais ton âme, je ne froisserai

 Et dans ton corps, ma reine, jamais
 Aucune douleur, aucune par ma main
 Jusqu'à ma mort, princesse, jamais
 Aucune peur, aucun chagrin

 REFRAIN  

Je te l'ai juré 
Je te l'ai juré
Oh je ne l'oublierai 
Oh je ne l'oublierai 

 ELLE 1 ( ANA )

Ma lumière, mon roi, ma joie
 De tout mon être, je t'aimerai
 Ô doux bonheur, je te chérirai
 Dieu t'a choisi pour moi, oh oui, je t'aimerai
 Toute ma vie, mon prince, oui, je te chérirai

 Toujours, je te ramènerai ton sourire
 De jours, de nuits, à tes côtés pour te couvrir
 Jamais en ma présence, tu n'auras froid
 Même en mon absence, jamais, tu ne frissonneras

 Quelqu'importe nos malheurs, quelqu'en soit l'enfer
 Je t'illuminerai
 Qu'on soit bénis ou qu'on soit maudits
 Je te guiderai
Jamais mon roi, l'opprobre sur toi
Jamais, mon prince, la honte pour toi

 REFRAIN 

Je te le promets
 Je te le promets
 Oh je ne l'oublierai jamais
 Oh je ne l'oublierai jamais 
 TÉMOIN 1 ( Tante, Oncle )

T'en souviens-tu ?
C'est ce que tu lui avais juré, Solin 
T'en souviens-tu ? 
C'est ce que tu lui avais promis, Ana

Par des promesses, vous vous êtes liés
 Par des serments, vous vous êtes attachés
 De l'un et l'autre, vous étiez la fierté 
Puis un beau jour, vous avez tout oublié ( tout oublié ) 
Ce maudit jour, tout s'est écroulé  

Oh tout oublié !
  Oh tout oublié !
 ANA 2 

La première fois, j'ai accusé son humeur 
La deuxième fois, j'ai cru à mon erreur
 Les autres fois, je n'ai plus trouvé de raisons 
Tous les autres soirs, il n'a plus mérité mon pardon 

J'ai cherché en vain :
 Mon prince charmant ; 
Pourquoi mon roc devient du sable mouvant ; 
Pourquoi ne croit-il plus en nos belles prières ;
Pourquoi nos joies se muent-elles en guerre, où est hier ? 

Oh pourquoi ? Pourquoi ?
 Oh plus de mouchoirs ! 


 SOLIN 2 

J'étais sûr que de sa bouche si pure 
Jamais ne jailliraient de telles injures 
À mon endroit
 J'étais certain que ses yeux, couleur miel
Ne me regarderaient jamais, oh mon ciel 
Avec effroi

Je cherche et recherche en vain ma lumière 
Où est ma côte, où est mon cœur ? 
Pourquoi ma tendre heuchère se mue t-elle en folles lierres ? 
Pourquoi ne croit-elle plus à mes chères promesses ? 
Oh j'ai si peur qu'elle me laisse
  
Oh Ana, sans toi, je me noie !
Oh mon ange, qu'as-tu fais de moi ? 
TÉMOIN 2

Rappelle-toi ! 
Rappelle-toi !
Anamaria, Rappelle-toi
Solinadi, Rappelle-toi

 Que fais-tu aujourd'hui, Solin ?
Que fais-tu ainsi, hein, Ana ?
 Qu'en est-il du pacte, Solin ?
 Et la promesse sacrée, Ana ?

Rappelle-toi !
 Solinadi, rappelle-toi ! ( Rappelle-toi )
 Oh mon garçon, rappelle-toi ! ( Rappelle-toi )
 Anamaria, rappelle-toi ! ( Rappelle-toi )
 Mon enfant, rappelle-toi !

Souvenez-vous de vos promesses
 Rappelez-vous tous vos serments
 Regardez aujourd'hui vos gestes
 Mirez-vous des larmes de votre enfant

Pour Rémina, réparez-vous !
Pour Rémina, ou séparez-vous !
Avant que ne survienne le pire
Oh avant que ne prenne vie, le martyre

Oh rappelez-vous !
 Oh ou libérez-vous !
Oh rappelez-vous !
          Oh ou SÉPAREZ-VOUS ! 


Les violences basées sur le genre au Niger, avec Aïcha Macky et Abdoul-Rafik Gaïssa

Levons le voile sur les violences basées sur le genre (VBG) au Niger avec une nigérienne et un nigérien engagés.

Elles sont souvent magnifiées par les plus beaux adjectifs. Elles subissent pourtant les pires horreurs aux quatre coins et recoins du globe de la part de ces personnes pour qui elles se dévouent tant. Ces personnes qui, en suivant leur logique de « supériorité » sont censées les protéger. Une femme ou une fille continue de subir toutes les trois minutes, au moins une forme de violence dans le monde. ONU Femme avance des chiffres encore plus effarants dans la spécificité du fléau et dans la globalité de son étendue. Ce soir, je pose mon regard sur un point particulier du globe : le Niger.

Crédit : Istockphoto

38% des nigériennes victimes de violences

La femme nigérienne évoque la beauté et la délicatesse de la sahélienne. Elle est précieuse pour sa Nation et pour ses hommes (père, époux, frères et fils). À tel point qu’une journée spéciale a été institutionnalisée par décret présidentiel pour la célébrer : le 13 Mai. Avec le 8 mars, les nigériennes disposent ainsi de non pas un mais deux jours pour réfléchir et célébrer leur condition de femme dans leur société et dans le monde. Pour cause, certaines subissent de profondes meurtrissures : plus de 38 % des nigériennes étaient victimes de violences basées sur le genre en 2021, selon l’Agence Nigérienne de Presse. Dans le cadre des 16 jours d’activisme pour la lutte contre les VBG, nous avions décidé de lever le voile sur la spécificité des violences que subissent ces perles du désert.

femme africaine
Crédit : Pixabay

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Un « fléau » principalement causé par des raisons économiques

Qui serait plus légitime pour parler des violences subies par les nigériennes qu’une nigérienne profondément engagée sur la cause ? Elle se nomme Aïcha Macky Kidy, réalisatrice nigérienne engagée. Notre discussion était également en compagnie d’Abdoul-Rafik Gaïssa, un jeune nigérien sensible aux réalités de ses consœurs et de ses mères.

QUESTION 1 : Qu’est-ce qui rendrait la femme nigérienne particulièrement vulnérable aux violences que subissent toutes les femmes dans le monde ? Est-ce vraiment culturel ?

RÉPONSE 1 : Les violences basées sur le genre au Niger se résument sous trois formes « urgentes » : les violences économiques, physiques et culturelles. Ces dernières regroupent principalement le mariage précoce et forcé et ses conséquences dramatiques. Les filles nigériennes sont malheureusement les plus exposées à ce fléau. 

QUESTION 2 : Quelles en sont les causes ?

RÉPONSE 2 : La cause principale de ces violences est d’abord économique, vient ensuite le facteur culturel. Dans le cas du mariage précoce, certains parents font face à un tel état de dénuement qu’ils préfèrent donner leurs petites filles en mariage contre une « dot » afin de continuer à faire survivre le reste de la famille. Pour d’autres au contraire, c’est un moyen de leur épargner des grossesses hors mariage ou simplement les préserver de la prostitution. 

QUESTION 3 : Aïcha, vous êtes la révélation même que la femme nigérienne, même avec de maigres moyens peut être pleinement épanouie sans dévier de sa culture ni de sa religion. Pourquoi vous et pas elles ?

RÉPONSE 3 : L’éducation de base, mais surtout l’instruction et l’implication des hommes. Ma mère [de Aïcha, NDLR] voulait à tout prix que je réussisse ; mon père, encore plus. Aujourd’hui, mon époux me soutient dans tout ce que je fais. 

QUESTION 4 : Qu’est-ce qui pourrait révolutionner la lutte ?

RÉPONSE 4 : L’instruction pour tous et l’autonomisation des femmes dans le respect de leurs structures familiales est la clé pour réduire les Violences Basées sur le Genre.

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Les hommes, indispensables pour l’éradication des VBG au Niger

J’ai pu conclure de cette discussion enrichissante que les violences basées sur le genre au Niger sont multiformes. Elles constituent ainsi une problématique urgente dont la résorption passe inévitablement par la résolution du facteur économique. 

Par ailleurs, l’analyse minutieuse du rapport de l’UNFPA intitulé « Ampleurs et Déterminants des VBG au Niger » confirme que la société nigérienne, à l’instar de plusieurs dans le monde, est fortement patriarcale. L’ascendance de l’homme sur la femme n’est pas un mythe, excepté chez les peuples nomades notamment Touaregs où le phénomène contraire est observé. Dès lors, je prends conscience qu’il serait un leurre de penser éradiquer les VBG au Niger sans le concours des hommes. Il ne serait question d’une injonction, mais d’un rappel à leur bon sens, à leur humanité. Ainsi nous nous attelons à la sensibilisation et laissons la responsabilité de la répression à la justice ; le Niger étant après tout, un État de droit et signataires des différentes chartes garantes des droits de l’homme.

L’instruction, la clé maîtresse du combat

Toutes les femmes, en particulier les femmes nigériennes, sont capables de créer des merveilles à partir de peu de choses. Avec le soutien des hommes de leurs vies, elles deviennent extraordinaires comme Aïcha. J’en déduis qu’une femme autonome ne signifie pas une femme qui n’a pas besoin d’un homme. C’est pour cette raison que l’instruction, qu’elle soit scolaire ou artisanale, est indispensable pour une bonne compréhension de l’enjeu à tous les niveaux. 

Le gouvernement nigérien et ses partenaires internationaux dont l’Union Européenne et l’Initiative Spotlight mènent déjà des actions fortes pour éclaircir le tableau des VBG au Niger. Les hommes en général, et nigériens en particulier, sont à leur tour interpellés pour une lutte efficace. À ce propos, je ferai dans mon prochain billet, le point de ces « mâles » qui s’illustrent magistralement dans la défense des droits des femmes à travers le monde.

Femme + Homme pour un monde sans violences ! 

Crédit : Pixabay

+ Les VBG au Niger selon Aïcha Macky en audiovisuel

Au Niger, la pauvreté se conjugue au féminin.

Aïcha Macky Kidy, pour Initiative Spotlight #16DAYS2022

Afin de mieux saisir son émotion sur le sujet, je vous propose de visionner la magnifique analyse de Aïcha Macky sur les violences dont sont victimes certaines de ses consœurs. Mais surtout les conditions indispensables qu’elle relève pour en venir à bout.

Interview de Aïcha Macky Kidy sur les VBG au Niger par Initiative Spotlight #16Days2022. Crédit : Initiative Spotlight Niger


Aïcha Macky Kidy, l’Amazone du Niger

Au Niger, il n’y a pas que du bon Kilichi, il y a aussi Aïcha Macky Kidy.

J’ai souri de fierté à son rayonnement au Fespaco 2021. Je l’ai rencontrée une matinée parfumée aux effluves de café et jus de fruits de saison dans un monde grave. Nous étions quatre personnes : trois femmes et un jeune homme. Nous devrions discuter des violences basées sur le genre ; en particulier, celles subies par les filles et femmes nigériennes.

Sa biographie la décrit comme l’une des plus talentueuses réalisatrices africaines. J’ai découvert une femme encore plus brillante à la spontanéité généreuse. Je vous présente Aïcha Macky Kidy, l’Amazone du Niger. Une Amazone de plus au Sahel ; une de plus en Afrique ; une de plus dans le monde.

Crédit : Aïcha Macky Kidy

Aïcha Macky Kidy, l’enfant du pays

Native de Zinder, la deuxième plus grande ville du Niger, Aïcha n’a jamais su ni pensé échapper à ses responsabilités vis-à-vis de son pays, de sa ville, de sa terre. Elle les assume tant par le cœur que par la bravoure, défiant insécurité et clichés dans un pays fortement patriarcal où la voix et les actes de la femme doivent rester dans une gamme « convenable ». Plus qu’une patriote, elle semble condamnée à porter son pays malgré lui, vers son plus beau rayonnement. À jamais fière de son Niger, il peut se sentir chanceux de l’avoir ; enfant bénie, père comblé.

Crédit : Depositphotos

Une femme concernée par les maux de sa société

J’ai visionné deux productions cinématographiques de Aïcha Macky et les deux m’ont bouleversée. Alors que « The fruitless tree » relate la sentence des femmes jugées coupables de l’absence de descendance dans certains foyers africains, « Zinder » transcrit quant à elle, la réalité de la décadence d’une jeunesse frustrée et colérique, résignée aux règles de la jungle. Les deux films ont glané les récompenses les plus prestigieuses aux quatre coins du monde dont l’honorable « Prix de la meilleure réalisatrice de l’espace CÉDEAO » au FESPACO 2021 pour Zinder.

S’appuyer sur ses compétences en sociologie pour dénoncer et soigner les maux de sa société à travers sa passion, le cinéma. Telle semble la recette de Aïcha Macky pour impacter et elle fonctionne. De contact facile, elle est à la fois accessible et rigoureuse ; incroyablement généreuse, mais farouche quant à la défense de ses convictions. Je n’ai pas choisi de lui affubler l’épithète « Amazone » pour faire joli.

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« Avec le recul, je me suis rendue compte à quel point j’ai pris des risques. Sinon je ne ressentais pas la peur au cœur de l’action », nous a t-elle confié à propos de la réalisation de Zinder. Je parie pourtant que dès demain, elle reprendra sa caméra pour une aventure toute aussi périlleuse, avec à la clé, l’intime conviction de contribuer à changer les choses. Qu’Allah nous la préserve !

Crédit : Aïcha Macky Kidy

Un engagement reconnu au-delà de ses frontières

Aïcha Macky a toujours sillonné son pays le Niger de long en large pour projeter gratuitement ses réalisations afin de sensibiliser son peuple sur les maux qui le minent et l’urgence d’en sortir. Sa caravane pour la paix baptisée CINÉ-NOMADE lancée le 6 septembre 2022 en est une parfaite illustration. L’agence Française de Développement (AFD), entre autres, lui a à juste titre décerné en Octobre 2021, le Prix de la « femme ambassadrice de la paix ».

Mais elle ne se contente pas de sensibiliser. Aïcha Macky instruit en formant ses consœurs et confrères au métier de la réalisation en partenariat avec l’ambassade américaine au Niger à travers le programme American Film Showcase (AFS).

« L’arbre sans fruit » ou l’offrande d’Aïcha Macky Kidy

Souffrir une « damnation » et offrir chaque jour son sourire au monde tout en encourageant ses consœurs à ne jamais abandonner est une prouesse. Se livrer entièrement au monde afin de mieux l’expliquer est un sacrifice, un don de soi inestimable. Aïcha l’a fait à travers The fruitless tree. Cette fabuleuse résiliente a tenu à contaminer le monde de son courage en se révélant dans l’entièreté de sa douleur, de ses soupirs. J’en resterai éternellement admirative. La tragédie de sa pauvre maman, puisse t-elle reposer en paix, et son invocation à chaque étape de sa confession ont achevé de m’anéantir.

Crédit : Aïcha Macky Kidy

Par ailleurs, deux réalités m’ont marquée dans L’arbre sans fruit : la trahison de certains époux et le soutien indéfectible d’autres pour celles à qui ils ont juré leur amour pour le meilleur et pour le pire. Ces deux attitudes sont déterminantes dans la résolution de la problématique en ce sens que la femme perd tout repère et tout espoir lorsqu’elle est lâchée par son partenaire qui s’associe à la société pour l’accabler toute seule de ce « malheur ». Lorsqu’il la soutient, ce qui semblait être une fatalité se trouve miraculeusement résorbé. Il existe de nos jours tant d’alternatives pour avoir une descendance biologique ou non. Mais surtout, cela permet de lever le tabou et la fatalité se révèle être une chimère portée parfois par le partenaire jadis insoupçonné et insoupçonnable.

Zinder ou les frustrations d’une jeunesse oubliée du bonheur

Zinder, c’est l’imposition d’une réalité africaine, européenne, américaine, orientale que personne ne veut voir. Lorsqu’on dénie un fléau, on s’en sent moins concerné, moins coupable. Aïcha Macky ne nous laisse pas le choix quant à celle de certains jeunes nigériens avec son documentaire remuant.

Zinder, ce sont les frustrations d’une jeunesse oubliée dans la distribution du bonheur. Elle se meut tout simplement en vilaine. Sous des carrures de terreur, des hommes en proie à la douleur de l’incertitude du lendemain pour eux et pour leurs progénitures. Des « méchants » qui, par chance ici, songent au repentir. Leur unique condition : cesser d’être estampillés « les cas désespérés », « les lépreux ». J’ai été absolument émue qu’une jeune femme, une brave nigérienne se fasse leur porte-parole. En lui accordant ce privilège et en se l’accordant par ricochet, ils prennent le risque d’être jugés et condamnés pour leurs actes dits de désespoir. Le fait qu’ils le prennent fait résonner leur cri de détresse. J’espère qu’il sera entendu.

Hormis la réalisatrice, mon coup de cœur dans ce téléfilm se porte sur Ramsès, la contrebandière androgyne. Elle incarne à elle seule plusieurs combats dans un monde foncièrement hostile. Mon cri de douleur va quant à lui, aux jeunes filles victimes d’exploitation sexuelle dans le sinistre quartier « Tudun James ». À la fin de ce marathon insoutenable, j’ai soupiré : Zinder ou Comment est-ce possible d’être autant maudits ?

LIRE AUSSI : Mon livre « Rama », histoire d’une jeune nigérienne mariée de force

Aïcha Macky Kidy, fierté nationale, fierté mondiale, icône féminine

Ce billet est l’un que j’ai mis le plus de temps à construire. Je devrais le publier depuis des mois, en novembre précisément dans le cadre des #16Days2022 ; mais il ne m’a jamais semblé exhaustif tellement le personnage m’est fascinant. Je me résigne ainsi à résumer ses magnifiques contours en ces quelques paragraphes. Si je devrais faire plus court et la décrire en trois mots uniquement, je dirais : intrépide et authentique.

Je viens de découvrir qu’elle siège parmi le jury du prochain Fespaco qui démarre le 25 février 2023 à Ouagadougou, quel parcours vertigineux, quelle fierté !

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Mon livre « Rama », histoire d’une jeune nigérienne mariée de force

Ce 25 novembre démarre les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre pour l’année 2022. Je l’ai choisi pour présenter au monde la note d’intention de mon livre Rama, cri de corps d’une bébé-épouse. Fiction inspirée de faits réels, Rama est une chronique insoutenable de la vie d’épouse puis de mère de Ramatou Adamou, une jeune nigérienne de 12 ans, mariée de force par son père à un vieil homme sadique.

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Résumé du livre « Rama, cri de corps d’une bébé-épouse »

Stop au mariage des enfants
Rama, cri de corps d’une bébé-épouse, Valetah

Ce livre relate sans anesthésie, le martyre d’une enfant de 12 ans offerte en mariage par son père à un vil quinquagénaire sous le prétexte de la pauvreté. Rama nous confie chronologiquement les abus sexuels et toutes formes de maltraitances qu’elle subit quotidiennement sous le joug de son bourreau de mari, quelques années seulement après son excision cauchemardesque. Elle expérimente le paroxysme de ce qu’elle nomme l’enfer lorsqu’elle manque de périr en tentant de donner la vie. Sa rencontre providentielle avec une jeune femme lui fait découvrir les sensations de l’espoir, un espoir bien fragile. Inébranlable croyante en Allah et la personnification d’une résilience extraordinaire, elle s’y accroche de tout ce qui lui reste de souffle.

Les drames découlant du mariage des enfants

Nous découvrons avec stupeur au travers de cette fiction l’enfer que vivent les enfants et adolescentes contraintes au « mariage », cruelle réalité encore ignorée ou sous-estimée de beaucoup de personnes. Le Niger est l’un des seuls pays du monde où cette pratique est criarde. Son gouvernement est résolu à l’éradiquer, en partenariat avec un grand nombre d’organismes internationaux profondément engagés. Plusieurs programmes et plans d’actions sont ainsi mis en œuvre et sont périodiquement réévalués afin de concrétiser la résolution de cette problématique instante.

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Un livre de plus ?

Il n’y aura jamais suffisamment de livres, de films, de documentaires, de témoignages de toutes formes et horizons pour dénoncer et sensibiliser le monde aux violences basées sur le genre. Le mariage des enfants est pour moi la plus infâme de toutes. La chronique de Ramatou Adamou transcrivant les hurlements de son corps de bébé-épouse est la meilleure arme, certes fort acérée, mais l’ultime que j’ai trouvée pour m’ériger sur la ligne de front de ce combat qui nous défie, perdu d’avance. Je l’ai voulue tranchante et brève. Moins calibrée qu’un roman, il s’agit d’une nouvelle suffisamment longue pour transmettre concisément et précisément le message.

Un cauchemar plus réaliste que jamais

Les chiffres de l’UNFPA font froid dans le dos. Chaque jour, aux quatre coins du monde, de très jeunes filles et même des garçons condamnés au mariage élèvent leurs supplications au ciel ; ayant perdu tout espoir aux humains les entourant pour les défendre. Par ce livre, je souhaite leur dire que nous les entendons et j’aimerais que le reste du monde se réveille et les entende aussi.

Les mots servent à exprimer nos plus profonds ressentiments en toute transparence et avec intransigeance ; les images le font mieux. J’ai voulu écrire ce livre et le transposer par la suite en un court-métrage afin d’exposer de manière grave et sincère, ce que vivent réellement ces petites filles données de force en mariage partout dans le monde et en particulier au Niger, triste détenteur du record mondial de cette infamie.

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Rama, cri de corps d’une bébé-épouse, pour une prise de conscience à vif

Au plus bas de mon idéalisme, je garde le fébrile espoir que si les parents et tous les acteurs concernés découvrent réellement le supplice qu’ils font vivre à ces enfants au travers de cette pratique pernicieuse ; aussi bien sur les plans physique, sanitaire, psychologique, et économique ; ils arrêteront instamment d’y contribuer. Ils auront enfin le déclic de la prise de conscience et militeront pour son arrêt.

Aussi, je m’accroche à cette conviction comme Ramatou a maintenu sa foi brûlante en Allah, qu’aucun parent au monde, aussi indigent et conservateur soit-il, ne voudrait que sa fille vive ce qu’a vécu Rama s’il savait exactement ce qui l’attend dans une union matrimoniale à cet âge. Il préférerait qu’elle s’instruise le plus longuement possible afin de les sortir de cette misère cynique et coupable. Oui, avec « Rama, cri de corps d’une bébé-épouse », je nous oblige tous à écouter ces enfants se faire violenter sur tous les plans et aspects de leur fragile vie.

Tous concernés par la sensibilisation

En renfort aux plans et programmes d’action du gouvernement nigérien et de ses nombreux partenaires internationaux, cette œuvre se veut un outil de sensibilisation de première heure pour une prise de conscience immédiate et collective, à l’instar de toutes celles produites et à venir. Cela afin de libérer les destins enchaînés des magnifiques étoiles nigériennes, mais également celles de tous les cieux ténébreux du monde.

Je n’ai pas la prétention de revendiquer avoir créé le meilleur récit qui résorbera miraculeusement le fléau. Mon authentique objectif est de contribuer à relayer la sensibilisation le plus efficacement et le plus largement possible. Il est résolument temps d’agir. Agissons tous, du peu que nous pouvons, mais ne laissons plus ces petites filles condamnées à ce martyre sous prétexte que nous ne sommes pas au courant ou directement liées à elles. Parce qu’il est avant tout question d’enfants et tout enfant mérite la protection des adultes en dépit de tout lien de parenté.

Valetah


Extraits de « Rama, cri de corps d’une bébé-épouse »

Habituellement, j’aime écrire sur l’amour. Même si elles traitent de l’humour ou du drame que j’adore aussi, mes histoires sont presque toujours romantiques. Cette fois, il n’y a rien de romantique par ici, pourtant il s’agit de mariage. Un mariage sans amour donc ? C’est bien pire : un mariage d’enfants. Je vous présente Rama, cri de corps d’une bébé-épouse ; mon livre-contribution à la sensibilisation contre le mariage des enfants.

« Ailleurs, le mariage est une bénédiction ; sous d’autres cieux, il représente l’enfer. » C’est par cette complainte que Ramatou nous introduit dans sa géhenne. Je me mets dans sa peau pour vous raconter cette histoire ; je suis bien obligée, elle n’a que douze ans et ne sait ni lire ni écrire.

Valetah

Dédicace

À toutes les filles-épouses du monde,

À votre enfance, votre adolescence volée ;

À votre avenir hypothéqué ;

Du très haut, le ciel pansera vos douleurs et épongera leurs larmes couleur vermeille.

À toutes les mères, les pères qui ont cru n’avoir pas eu d’autres choix ;

À tous les témoins qui ont su, mais n’ont rien pu,

Il n’est jamais trop tard pour agir, se repentir pour les générations futures.

Maintenant, pour les protéger et à jamais pour éradiquer toutes les destinées à la Rama.

Crédit : pixabay

Prologue

Touza, 2h36 du matin

Dans l’obscurité de ce mercredi matin, je peine à trouver le sommeil. Je suis couchée sur ce sol rugueux. Mes larmes inondent encore une fois, ce morceau de chiffon qui me sert d’oreiller, vestige d’un des trois morceaux de pagnes que j’ai ramenés de chez ma mère ; cela a été son unique cadeau pour mon… Départ.
Les moustiques me dévorent et la chaleur de mon cœur qui s’embrase rivalise avec celle de la température ambiante. Qu’importe si je ne trouve le sommeil, dans une heure trente exactement, je dois être debout pour m’atteler aux tâches ménagères. Je devrais pourtant me reposer afin de récupérer de la torture d’hier parce qu’aujourd’hui je ne suis pas de « garde ». Merci, mon Dieu ! La garde au service sexuel de Monsieur le Barbare. Je pose juste ma main sur mon ventre pour calmer ce petit ange innocent qu’on a mis de force dans mes entrailles. Il est là depuis environ six mois et survit comme par miracle à tous ces coups et chevauchements barbares. Notre Créateur est un mystère. Il est bien là, en sécurité ; me voilà rassurée. Nous ne sommes que des bébés tous les deux, alors nous nous serrerons les coudes dans cette apocalypse qu’est notre nouvelle vie. 

Mamie à la lame rouillée

(…) Mon terrifiant cauchemar « Mamie à la lame sacrée rouillée » a eu son digne remplaçant dans les abysses de mes archives-douleurs . Mon excision cruelle quatre ans plus tôt est une caresse comparée à l’horreur que je venais de vivre. Mamie, reviens avec ta lame sacrée et libère-moi de lui ! Je te suivrai partout ou tu voudras et offrirai toute ma chair en lambeaux à ta foutue scie rouillée. Je préfère mille fois passer sous ta tranche que retourner sous lui ; ai-je imploré en vain…  

Crédit : Pixabay

Notre péché ? Naître de sexe féminin dans cette partie du monde

(…) Mes cris de détresse n’ont eu l’air d’émouvoir que les grillons et les chiens errants qui sifflaient et aboyaient dans la noirceur de cette horrible nuit. Et pourtant, il y a des êtres humains dans cette concession. Il y a des femmes dont une au moins a l’âge de ma mère. Pourquoi des mères laissent-elles ce monstre violer le bébé que je suis ? Pourquoi le laissent-elles faire du mal à une enfant ? m’en suis-je longuement tourmentée. Je n’ai pas mis longtemps à découvrir que ces trois dames que j’ai jugées sont mes co-épouses. Elles sont les trois premières victimes de ce pédophile et sont toutes passées par tout ce que je vis en ce moment. Sa dernière “acquisition” avant moi est âgée de dix-sept ans et est presque à terme de sa deuxième grossesse d’où l’urgence de la remplacer par plus précoce. Leurs propres filles subissent le même martyre dans d’autres enfers avoisinants au même moment ; pourquoi compatiraient-elles pour moi ? Tel est notre destin à nous, les filles de cette contrée. Notre péché ? Être né de sexe féminin à cet endroit du monde. Notre sort est scellé d’avance dès notre premier cri natal.

(…)

Crédit : Pixabay

Je suis à bout, je me sens partir

(…) Deux claques chaudes sur mes joues me réveillent. Je me bats contre mes paupières engourdies. Elles me giflent encore et encore m’intimant de les maintenir ouvertes. Elles m’ont transportée à l’intérieur de la chambrette la plus proche. Alors que l’une maintient mes jambes écartées, une autre s’affaire entre mes cuisses et m’ordonne de pousser. La troisième, installée derrière moi, m’a calée contre elle et m’administre les gifles pour ne pas que je m’évanouisse de nouveau. 

« ALLEZ POUSSE ! POUSSE ALLEZ ! » me hurlent-elles en me donnant des claques sur la cuisse. Entre cette douleur lacérante dans mes entrailles ; les gifles, les violentes claques sur mes cuisses et leurs grondements, je comprends à peine ce qu’il se passe réellement, je suis perdue. Je pousse, pousse ; je fais des efforts surhumains et pourtant je reçois toujours des claques. Je n’en peux plus, je suis à bout, je me sens à nouveau partir.

(…)

Il est sorti de moi

(…) À peine tenté-je de descendre de ce lit métallique que je ressens une vive brûlure irradiante de mon entrejambe jusqu’à mes fesses. Que m’est-il arrivé ?  Oh mon Dieu ! Et où est mon bébé ? Oui, mon bébé ! Ce vagissement que j’ai entendu ne fait pas partie du cauchemar, il est bien réel. Il est sorti de moi, je le jure par Allah !

Moi Rama, Bébé-épouse; bébé-mère

(…) Comment décrire cette sensation ? Un flot d’émotions inonde mon cœur et mes yeux s’emplissent à nouveau de larmes. Je penche doucement ma tête au dessus d’elle pour l’admirer de plus près. Mon cœur s’emballe et je demande intérieurement à ce miracle sous mes yeux : « C’est donc toi ? Cet être extraordinaire qui a fait de ce bébé, une mère ? Suis-je seulement digne de mériter que tu m’appelles ainsi un jour ? Moi, cette enfant qui cherche tous les jours, elle-même sa propre mère, la nuit, au milieu de ses cauchemars ? Moi, qui suis interdite de rêver du bonheur ; incapable de prendre soin de moi-même. Comment puis-je prétendre pouvoir prendre soin de toi, moi qui n’ai plus que la haine et la douleur dans le cœur ?
Comment pourrais-je t’aimer et te chérir indéfiniment, toi qui n’a besoin que d’amour et de câlins ? »

(…)

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Mon cerveau s’éteint

(…)

— Il faut que je t’explique tout ce qu’il t’est arrivé pour que tu puisses bien prendre soin de toi et guérir convenablement. 

Enfin de la lumière pour mon esprit embué. Je perçois pourtant gravement cette annonce en dépit de toute la sollicitude dont elle l’entoure. Je hoche la tête pour lui promettre toute mon attention.

— … Lorsqu’on t’a amenée ici, tu saignais abondamment et ta tension avait considérablement chuté, ton pouls, presque inexistant. Idem pour celui de ton bébé. Elle avait beaucoup souffert comme toi lors de l’accouchement. On vous a ranimées toutes les deux. Allahmdoullilah, vous avez toutes les deux survécu. Mais pour te sauver la vie, on a dû… On a dû… 

Elle regarde tantie Céline qui l’encourage à continuer d’un timide acquiescement.                          

— … On a dû t’enlever l’utérus. 

De quoi parle t-elle ? Je n’y comprends rien. Je regarde Tantie Céline qui se contente de remuer tristement la tête de gauche à droite puis la soutenir de son poing gauche.

— … Cela veut dire que tu ne pourras plus porter ni donner la vie. Tu n’accoucheras plus d’autres enfants, Rama. 

Mon cerveau s’éteint. Tantie Céline me saisit les mains.

(…)

Crédit : Pixabay

Stop au mariage des enfants !

Un enfant ne se marie pas ; un enfant ne fabrique pas un autre enfant ; un enfant s’instruit pour illuminer son avenir et celui de sa société.

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Extraits de Rama, cri de corps d’une bébé-épouse de Valetah


La présidente romantique

S’il vous était donné le temps d’un instant d’être président de la République, quelles solutions souhaiteriez-vous pour votre société ? Tel a été le défi que j’ai essayé de relever afin d’intégrer Mondoblog. Je vous présente aujourd’hui ma proposition.

Discours de candidature d’une présidente romantique

Béninois
Crédit : Pixabay

Béninoises, Béninois; chers compatriotes, 

La politique, ce n’est certainement pas une question de romance, mais j’ai envie de vous faire une déclaration venant de mon cœur. 

Cela n’est pas simple de diriger une nation, mais assez d’être honnête avec son peuple. J’aimerais conclure avec vous ce soir, un pacte de loyauté. Un engagement solennel et républicain dans lequel je vous proposerai un certain nombre de résolutions pour le rayonnement de notre nation. Et si au bout de deux années et demie, il est établi que je manque foncièrement à ma parole, eh bien, je vous conférerai le droit de me sanctionner par un référendum. Autrement dit, vous pourriez tout simplement me « foutre » dehors car il est urgent de ne plus tolérer l’imposture, l’incompétence, la distraction, la trahison. Venons-en à mes propositions. 

1- La transparence

Dans ce traité de loyauté, chers compatriotes, la tapisserie de fond est le retour aux valeurs. La première, la transparence. Lorsqu’il vous sera déclaré que notre Produit Intérieur Brut a augmenté de tel nombre de points, je ferai en sorte que l’éleveur analphabète au fin fond de l’Alibori (NDLR : département situé au nord-est du Bénin) puisse non seulement le comprendre, mais le vérifier. Je vous donnerai les moyens de mener vos propres enquêtes et de me confronter sur chaque affirmation que je vous soumettrai. Cela passera par l’alphabétisation de masse des juniors : filles comme garçons et des seniors victimes de l’illettrisme. Mais également par le développement d’outils pragmatiques à la participation et à la compréhension de la vie sociopolitique tels que des logiciels de communication adaptés et autres applications interactives accessibles à toutes les couches de la société.

(La Responsabilité de notre verbe)

Nous allons ouvrir les yeux du peuple, mais surtout le laisser s’exprimer. Je ne parlerai pas de liberté d’expression, mais de responsabilité de notre verbe. Ensemble, nous apprendrons l’utilisation consciencieuse du pouvoir de la communication et les dangers de la manipulation de l’information. À cet égard, l’un de mes engagements cruciaux est la levée définitive d’embargo sur l’internet. En tant que présidente de la République, je refuserai d’utiliser ce moyen extraordinaire de communication comme une arme de musellement. Car si la mal-information, la mésinformation et la désinformation constituent un danger, la condamnation à l’ignorance est un crime avéré.

2- La Probité

La seconde valeur qui m’est chère au cœur est la probité. Chaque acteur étatique doit être en mesure de faire face à sa conscience en s’abstenant ou répondant de ses actes contraires non seulement aux valeurs que nous voulons réhabiliter, mais aussi aux règlements mis en place pour la bonne marche du pays. Je livrerai pour cette cause une farouche lutte contre la corruption et toutes ses composantes dans chaque entité du fonctionnement de notre nation. En exemple, lorsqu’il sera vulgarisé que l’État en partenariat avec l’UNICEF a débloqué tels fonds à la scolarisation des jeunes filles, vous devriez constater en rendant visite à la famille que votre petite-nièce au village n’est plus exclusivement soumise aux corvées ménagères ni donnée beaucoup trop top en mariage. Ou tout au moins, constater que la tragédie des classes en paillote n’est qu’un horrible souvenir lointain. Nos enfants ne doivent plus être des martyrs de notre gourmandise, de notre égoïsme. 

3- La rétribution juste et méritée

En troisième engagement, je veillerai à la rétribution juste et méritée en consolidant les efforts déjà consentis en la matière par le recours à de nouveaux outils efficients: toute personne en capacité d’œuvrer pour son pain quotidien doit pouvoir le faire et en bénéficier pleinement. Sont ici entendues, toutes les problématiques relatives au chômage, à la revalorisation salariale et à l’imposition juste des revenus individuels. 

4- Le droit à la dignité

L’ultime valeur que je juge indispensable constitue le droit à la dignité. Une prise en charge optimale des personnes vulnérables de notre société est non seulement un devoir citoyen, mais constitue une priorité républicaine. Par ailleurs, effacer la frustration du peuple en réduisant les inégalités pour pallier l’extrême précarité pourrait grandement contribuer à relever le défi sécuritaire sur tous ses aspects.

Sans oublier la responsabilité écologique

L’autre challenge de mon programme d’action est la responsabilité écologique. Je ne saurais ambitionner d’améliorer la santé économique du pays au détriment de celle physique car il ne saurait exister de contenu sans contenant. Le recyclage sera intégré comme un automatisme dans nos mœurs. Nous le développerons à l’échelle nationale au moyen d’une expertise révolutionnaire que je vous invite à découvrir dans mon film de campagne. Je peux d’ores et déjà vous affirmer qu’elle sera une panacée pour le bien-être de notre économie et celui de la planète. 

Et surtout… Du réalisme

Chers compatriotes, 

Pour un renouveau effectif, il est indispensable d’analyser les erreurs des managements précédents et d’en tirer des leçons. La principale que j’en tire est la notion de réalisme. Il serait honnête de vous affirmer que nous pourrons y arriver. Et malhonnête de vous faire croire que nous le ferons en nous contentant de nous encenser de ce genre de discours. Mais assez juste de vous assurer que nous réussirons si nous nous faisons mutuellement confiance et nous y attelons dès maintenant.

Oui, chers compatriotes, un futur président ne doit pas être un poète, excepté lorsqu’il vient vous annoncer qu’il a tenu parole et c’est ce que je ferai dans deux ans et demi si vous me faites l’honneur de me porter à la tête de notre nation. Outre un pacte, je vous invite ce soir à un défi. Celui de me laisser guider avec vous, notre cher pays vers un avenir vert concret. Car si je parais une de ces personnes idéalistes, j’ai hâte de vous démontrer que je serai une présidente Ô combien pragmatique; indéniablement ce dont ont besoin nombre de pays africains pour enfin arracher le droit de s’ériger en modèle. 

Merci de m’avoir écoutée. Votre candidate presque romantique.

Romantique
Crédit: depositphotos


Le Bénin : art, lumières et … vaudou

Son art et ses lumières, c’est ce que m’évoque le Bénin. Quid du vaudou ?

Nous y sommes, à la synthèse de cet essai. Tout est parti du fait qu’à l’instar de beaucoup de personnes – du moins, je l’espère -, Béninois ou non, Africains ou non ; j’en ai eu marre d’entendre, de lire, de déduire que les Béninois, TOUS les béninois seraient de redoutables sorciers. Ils seraient ainsi ni plus ni moins « bénis dans le noir ! » Autrement, des aliénés du vaudou. Ce funeste stéréotype est censé déclencher une grosse hilarité, mais en réalité, une profonde luciférisation du peuple. Les sarcastiques de l’enfer sont sûrs de leur coup. Que dis-je, fiers d’assombrir ainsi la réputation, l’histoire, la culture, le destin, la foi, la dignité, l’intégrité de toute une nation et sa diaspora. C’est qui les plus diaboliques finalement ?

Les béninois: Princes ou esclaves du vaudou ?

Telle a été la problématique que j’ai posée afin d’analyser « le phénomène ». Un phénomène, c’est bien ce que cela m’inspire.

Après sa présentation dans une première partie, j’ai opté, afin de mieux l’exposer, pour une illustration en fiction dans une seconde. Il est temps à présent de vous livrer ma fine-amère opinion sur cette rumeur abracadabrantesque.

Pour commencer, je réponds que non; ils pourraient être tout sauf des esclaves, du moins, ils ne le sont plus. Que sont donc les béninois s’ils ne sont pas « tous » des « redoutables sorciers » ?

La porte du non retour, Ouidah – Crédit Photo : Depositphotos

Si t’es pas un loup-garou, t’es quoi ?

Sculpture métallique de Dominique Gnonnou  » KOUAS  » ExpoArt Benin 2022 / Crédit Photo : Valetah

Eh bien, ils ont été Bio Guera, Hubert K. Maga, Paul Hazoumè, Abbé Gilbert Dagnon , MonSeigneur Isidore de Souza, Cardinal Gantin, Mathieu Kérékou, Jean Pliya, Conceptia Ouinsou; Albert Tevoédjrè, Rosine Vyera Soglo, Gnonnas Pedro, Alokpon, GG Vickey, Edia Sophie, Ange-Marie Badou , Marcelline Aboh, Stan Tohon, Zouley Sangaré, Ezin Gangnon, Victorine Agbato, Guy-Ernest Kaho…

Ils sont Olympe-Bhêly Quenum, Florent Couao-Zotti, Jérôme Carlos, Théodore Holo, Théodore Loko, Zul Kifl Salami, Kessilé Tchala, Dodji Amouzouvi, Monsieur Akueson, Angélique Kidjo, Sagbohan Danialou, Gbessi Zolawadji, Marie-Elise Gbèdo, Jemima Catrayé, Inès Facia, Nicanor Coovi…

Ils sont Kifouli Dossou, Moufouli Bello, Dominique Kouas, Julien Sinzogan, Euloge Glèlè, Yves Pèdé, Epaphras ToÏhen, Charly d’Almeida, Tchif, Romuald Hazoumè, Ignace Yéchenou, Sylvestre Amoussou, Djimon Hounsou, Simplice Béhanzin, Pierre Zinko, Prince Ogoudjobi, Fatima Alley, Olga Vigouroux, Jean Paul Amoussou, Marie-Cécile Zinsou, Zeynabou Habib, Gbèzé, Rabi Slo, Don Métok, Dibi Dobo, Blaaz, Teriba, Pépé Oleka, Nikanor, Oluwakèmi, Sessimè, Maureen Ayité, Queen Fumi, Axel Merryl…

Elles sont les habiles vendeuses du marché Dantokpa, les intrépides concasseuses de granite des collines de Dassa- zoumè, les surdouées salicultrices de Djègbadji à Ouidah, les charmantes artisanes du Wagashi à Parakou…

Ils sont les Justin Glèlè.

Ils sont la diaspora béninoise actrice et contributrice du développement mondial dans divers secteurs.

Ils sont les petites filles, les petits garçons, princes héritiers de papy Dahomey, sur les bancs, face au drapeau entonnant chaque matin l‘Aube Nouvelle; dans les ateliers de formations professionnelles, ambitionnant avec honneur de rentre fière Bénin, leur Reine-mère patrie.

Ils sont des princes noirs bénis de leurs ancêtres. Ils sont les lumières qui éclairent le Bénin au milieu du monde en marche.

Le béninois en quelques « vrais clichés »

Qu’est d’autre le béninois ( pour moi ) ?

Le béninois est brillant aussi bien techniquement, artistiquement qu’intellectuellement; poli, digne et fort serviable. Malheureusement, il démontre un tantinet plus cette dernière qualité à l’étranger et envers l’étranger. ( Humour du sort ! )

Pendant que certains s’amuseraient à « foutre la merde » sur les territoires « des gens », le béninois standard; celui qui est taxé de partout de grand sorcier se servirait de l’expérience de leurs failles pour s’illustrer positivement. Mais surtout pour sortir vainqueur de tous les challenges à lui imposés. La légende du vieux surnom  » quartier latin d’Afrique  » et la rareté de la nationalité béninoise à l’affiche des faits divers internationaux en sont des illustrations intéressantes.

Je suis béninois, je dois briller… à nos dépens !

Non, le béninois standard ne se distrait pas à fomenter des clichés sur d’autres cultures. Il est bien trop occupé à vouloir décrocher et brandir sa médaille au nez de son frère et son cousin restés respectivement à Allada et à Malanville; pendant que ces derniers s’échinent à ensemencer plus d’hectares de bois de teck ou avoir le plus gros cheptel de bœufs afin de narguer leurs voisins de « case » et ainsi de suite.

Quoiqu’il lui en coûte, et parfois aux autres (consciemment ou non), le béninois standard rêve intimement d’être le meilleur partout, en tout. Contrariant ainsi une illustre qualité qui lui est souvent reconnue: l’humilité. C’est cela sa vraie malédiction. Puisqu’il faut forcément les accabler de clichés, je plussoie Justin Glèlè en leur collant ainsi le mien et Dieu seul sait qu’il en reste un paquet et bien moins reluisants ! Oui, ils ne sont pas les plus parfaits, mais certainement pas aussi nuisibles qu’on s’efforce à les faire passer.

S’ils (braves peuple béninois) semblent aussi inoffensifs pourquoi cette terrifiante étiquette ? Pourquoi diantre sont-ils autant  » persécutés  » ? Parce que l’étrange fait fantasmer les esprits. Il crée autant d’ultracrépidariens que d’illuminés.

Le royaume du vaudou en question

Je suis béninois, digne enfant de mes ancêtres.

L’extrême attachement du béninois standard à sa culture; le profond enracinement du culte aux divinités endogènes dans cette contrée, un peu plus qu’ailleurs contribuent forcément à nourrir ce cliché fantastique de redoutable sorcier.

Trône du roi Guezo restitué au Bénin par la France en Novembre 2021 – Trésors royaux, ExpoArt Benin 2022 / Crédit Photo : Valetah

Le plus ou moins drôle paradoxe ici est que cela ne fera de lui moins adepte d’une autre religion exogène. Vous ne trouverez presque pas plus laïque que le Bénin. Là-bas, ce n’est pas une forfaiture d’être athée, musulman ou chrétien … Ou  » divinement  » gourmand. Le plus important est que la prière soit exaucée ! Le tableau ci-dessous du génie plasticien Julien Sinzogan intitulé L’Épiphanie des initiés, couplé à l’emplacement insolite du Temple des Pythons et de la basilique Notre Dame de la Conception à Ouidah caricaturent parfaitement cette fascinante tolérance religieuse. 

L’Épiphanie des initiés de Julien Sinzogan – ExpoArt Bénin 2022 / Crédit photo : Valetah

Le Bénin, plutôt pittoresque qu’épouvantable

L’étrange a toujours fait peur, je vous l’accorde. Ils ont quand même décrété une journée pour célébrer le vaudou ! Mais au delà des croyances, des super-pouvoirs et autres affabulations hallucinatoires, la réputation du Bénin; celle des béninois souffre plutôt de l’enchanteresse de sa culture.

Je serais maladroite d’affirmer que là-bas, l’Art et le Vaudou ne font qu’un, mais j’en suis si tentée. Visiter ce fameux musée d’Art au Bénin m’a emplie de tellement de fascination. Plus qu’un voyage fantastique dans l’espace – temps, passé-présent-futur, cette galerie diptyque a galvanisé mon admiration; arraché mes bribes d’appréhension (un peu, j’avoue) et m’a conté des histoires, une épopée mélancolique de légendes plus que vivantes; de trésors inestimables. Au point de se demander comment peut-on se damner de porter un tel héritage à jamais inaliénable ?

Béninoises, Béninois, arrêtez de soupirer comme Justin Glèlè lorsqu’ils vous accablent de ce poinçon. Plus jamais, ne vous sentez plus jamais honteux de porter votre histoire, l’authentique dont ils sont à mille lieux. Portez-la en triomphe, toujours haut comme la stature de vos légendes.

Je propose pour ceux ( les téméraires juges du tribunal de Poudlard ) qui aimeraient une chance de se rattraper ou simplement à quiconque souhaitant vivre une expérience culturelle enrichissante et fort atypique, de faire un tour à Cotonou, au Bénin pour y découvrir ces trésors royaux revenus au bercail ; ces mythiques et mystiques souverains vaincus, ressuscités en héros. Mais pas qu’eux.

Je vous confiais qu’ils ont été gâtés en génie, ces bénis d’Athéna ; vous le confirmerez devant les dizaines de chefs-d’oeuvres allégoriques aux airs, pour certains tourmentés mais définitivement pas hantés, de leurs artistes contemporains résidents et de la diaspora. Je vous présente déjà quelques échantillons tout au long de cette chronique.

Si vous prenez le défi, accordez-vous une petite heure supplémentaire pour bifurquer vers Porto-Novo, la jadis citadelle du Roi Toffa 1er, aujourd’hui fief des fameux gardiens des nuits béninoises ( Zangbéto) afin de faire leur connaissance grandeur nature.

Temple des Zangbéto, Porto-Novo Bénin – Crédit photo: Adoscam – Wikimédia Commons

Q.G du vaudou, mais il y a de la place pour tous !

L’esprit quelque peu égayé, redescendez vers Ouidah, la célèbre capitale mondiale du vaudou et son incontournable Temple des pythons souriant à la magnifique basilique Notre Dame de la Conception. Vous vous amuserez de l’insolite que je vous révélais un peu plus haut.

Pourquoi abréger l’aventure alors que la jadis capitale du Dahomey ne se trouve qu’à une centaine de kilomètres ? Vous auriez l’honneur à votre tour de découvrir la très chère Agbangnizoun de Justin Glèlè. Mais surtout la fameuse terre d’obsession du roi Béhanzin : Abomey, le berceau des illustres souverains ! Avec ses fascinants couvents vaudou et historiques palais royaux dont les passionnés guides vous conteront les prouesses des intrépides rois et de l’unique reine du Danhomey. Ils ne manqueraient pas de vous parler des Amazones, les fameuses guerrières consacrées.

En poussant un peu votre curiosité, vous trouveriez encore le courage de longer le pays vers sa tête et atterririez dans les magnifiques Tata du peuple Somba; imprenables forteresses d’antan. On vous y raconterait la fabuleuse histoire de la fête de la Gaani du coté des Bariba ainsi que celles des vaillants conquérants de l’extrême Bénin.  

Découvrir l’étrange pour l’apprivoiser

Après ce périple au Bénin, vous devriez en savoir un peu plus sur l’authenticité de ce peuple à la culture, je vous l’accorde, fantasmagorique et délaisseriez les fables gothiques à son endroit.

Pour vous, chers procureurs les plus sceptiques qui rechigneriez à vous y déplacer, vous pouvez toujours vous contenter du tourisme virtuel en allant sur internet (il ne sert pas qu’à répandre des clichés lugubres sur d’autres peuples). Ou mieux, optez pour une rencontre littéraire historique en parcourant la pléthore d’encyclopédies et revues sur l’épopée culturelle du Bénin. Je vous recommande les travaux sur Doguicimi du maestro Paul Hazoumè. Vu votre passion pour les histoires rocambolesques, vous viendrez sûrement, avant moi, à bout de ce dédale  » historico-romantico-fantastique « .

Interroger, lire, comprendre, vérifier : c’est le minimum à faire avant de s’octroyer la responsabilité de répandre et entretenir une rumeur sensible. Encore plus de nos jours ou l’infox est en passe de devenir la pire arme de destruction massive.

Je suis béninois, tu vas voir !

Sculpture métallique de Dominique Gnonnou  » Kouas  » Art Contemporain – ExpoArt Benin 2022 Crédit Photo : Valetah

Ce sordide cliché a la peau si dure que je me demande s’il viendra véritablement à disparaître un jour. HA les gens !

Plutôt que d’en déprimer, s’en offusquer comme certains citoyens du monde tels que moi, certains béninois; presque béninois et tout sauf béninois ont trouvé le moyen d’en tirer profits. Le foisonnement des annonces prometteuses de miracles de puissants marabouts et autres grands maîtres pseudo béninois qui polluent quasiment tous les sites et posts sur les réseaux sociaux en est la regrettable démonstration. 

Moins dommageable ou pire, également cette parade désespérée d’auto-défense de l’immigré persécuté à l’étranger:   « Je suis béninois, tu vas voir !  » Béninois, presque béninois et tout sauf béninois de l’étranger, jurez que vous n’avez jamais brandi cette « redoutable » menace à un enquiquineur ou y avoir simplement pensé pour vous en débarrasser ?

Plus sérieusement, si pour moi le Vaudou s’apparente à de l’Art et que les artistes sont souvent incompris, tout devrait être dit, mais je préfère que tout change. Que nous changeons cette propension à juger négativement, à couvrir systématiquement d’opprobre ce qui ne vient pas de nous; de chez nous.

Les concernés( certains béninois ) devraient initier la bonne résolution en s’abstenant d’y voir une quelconque fierté. Il n y a aucun honneur à s’enorgueillir d’un pseudo pouvoir destructeur hormis contribuer à dessein à noircir sa propre culture. Ne vous livrez plus à cet auto-sabotage. Surtout pas pour rire. On ne peut malheureusement plus rire de tout dans le nouveau contexte mondial.

Conclusion  » Il y a de tout partout  » (disclaimer )

Mon but en m’aventurant sur cette problématique cultuelle n’est pas de dissimuler ou occulter le postulat mystique ou divin du Dahomey ni de banaliser le rapport des Béninois au vaudou. Ils l’assument en tant que toile de fond de leur culture, peut-être à degrés relatifs, mais ils l’assument unanimement. Ils ne réclament que d’être jugés, si cela est indispensable, sur leur civilisation d’aujourd’hui.

Héritiers d’un douloureux passé belliqueux et sanglant, les princes béninois ont émergé de l’obscurité et poursuivent chaque jour leur quête vers la lumière. Leurs ancêtres apaisés semblent les y accompagner. Certains y croient dur comme iridium. D’autres le tolèrent en guise d’honneur, de respect; une scarification de leur histoire qu’ils sont condamnés à porter; et des vilains, puisqu’il y en a toujours et partout ont juré donner vie aux cauchemars d’antan. À vous de choisir d’y être acteurs, mais limitez le casting à vous et votre épopée noire. Parce que définitivement non, ils ne sont pas bénis dans le noir. Lumières dans nombre de domaines, les béninois standards brillent plus que jamais.

Tous les pays, ont fort heureusement des « conteurs  » qui se chargent de relater leur histoire au monde. Profitez-en pour apprendre la vôtre et vous découvrirez qu’il existe, d’une manière ou d’une autre autant sinon plus  » suspects  » que les béninois.

Encore une fois, cet essai n’est nullement pour défier quelque croyance ou pratique religieuse. On craint bien l’enfer et rêve désespérément du paradis promis dans les livres Saints, alors gardez à l’esprit que le monde est fait de tout. Je martèle: IL Y A DE TOUT PARTOUTLa prochaine fois que vous voudrez persifler un Malien, un Belge, un Norvégien, un Sri-Lankais, un Français, un Nigérien sur l’essence de sa culture, ce sera à vos risques et ennuis !

Oulah je redoute de faire un cauchemar maintenant ! Vite que je trouve à analyser un autre cliché moins sombre !

Et c’est la fin de cette chronique. Je rêve à présent de découvrir ce qu’elle vous inspire.

P.S : RIP « Cygnus »

Ma plume sensible ne saurait rester sur un coup de gueule. Je partage donc avec vous ce foudroyant coup de cœur. J’ai finalisé la construction de cette chronique en me laissant bercer par Yvan Buravan sur son nouveau / dernier titre BigTime. Oh mon Dieu, quelle douceur vitaminée, quel talent ! Encore un délice découvert à la montée de l’aube sur RFI. Seul Dieu sait à quel point ces pépites du fameux Prix Découverte de RFI stimulent mon inspiration dès le réveil. Devrais-je peut-être en faire un billet ?

Je qualifiais ce coup de cœur de foudroyant parce que découvrant le talent unique de l’artiste en même temps que l’annonce de sa montée au ciel ce mercredi pourpre, 17 août 2022. Je prie pour qu’il y repose en paix. 

Yvan, cygnus pétri de génie, virtuose du Goodvibes, te voilà promu membre honorable des choeurs célestes, éclate-toi et fait danser les anges ! En attendant de te revoir en action, nous exécuterons ici ta dernière recommandation : Let’s spread love one time, big time !

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Les Béninois : princes ou esclaves du vaudou ?

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En toute fiction

Peuple paisible d’Afrique de l’Ouest, les Béninois sont accusés depuis la nuit des temps d’être les plus grands occultistes du monde. La noirceur de leur magie serait en rapport avec la malédiction qu’ils traîneraient jusque dans la formulation de leur gentilé; ils seraient ni plus ni moins « bénis dans le noir ». Ce stéréotype cabalistique semble s’expanser à la même vitesse que le développement des médias sociaux, ce qui n’a cesse de me courroucer. J’ai donc entrepris à travers cette chronique de dénoncer le phénomène en l’analysant en trois étapes. Après la présentation des faits, je vous invite dans cette deuxième partie à expérimenter l’insolite à travers une fiction.

« ACTION, ÇA TOURNE ! »

Crédit photo : Pixabay

Il était une fois, un béninois et “deux collègues” africains

Quelque part dans le monde, à une époque plus ou moins récente, trois jeunes chercheurs scientifiques de diverses nationalités se retrouvent finalistes dans le cadre d’une compétition internationale à l’enjeu crucial. Dans une salle de conférence, en attente du démarrage de la réunion, ils se découvrent pour la première fois. 

SCIENTIFIQUE 1

Bonjour !

SCIENTIFIQUE 2

Bonjour. 

SCIENTIFIQUE 3

Bonjour chers amis. Je suis Joseph Okemba de Matadi.

SCIENTIFIQUE 1

Moi, Pédro Carlos de Bata !

SCIENTIFIQUE 2

Justin Glèlè d’Abomey, enchanté Messieurs. 

« C’est un béninois ! »

crédit : giphy

Le premier homme dévisage ce dernier, puis échange un regard troublé avec le troisième. Celui-ci tente d’avoir la confirmation de leur inquiétude commune. 

CHERCHEUR CONGOLAIS

Abomey comme le Danhomey ? Vous êtes donc béninois ?

CHERCHEUR BÉNINOIS 

En effet ! Je suis béninois.

Le chercheur équato-guinéen tourne soudainement les pas, attrape sa serviette et quitte la place qui lui a été attribuée pour s’approprier une autre, quelques mètres plus loin. 

PROTOCOLE

Euh que se passe t-il, Monsieur ? Auriez-vous rencontré un souci à votre emplacement requis ?

CHERCHEUR ÉQUATO-GUINÉEN

Rien monsieur, je ne supporte pas l’air conditionné, le flux y est trop important. 

PROTOCOLE

Navré pour vous. 

Le scientifique acquiesce de la tête, puis se met à s’éventer à l’aide de son porte-document, les secondes qui suivent. 

À la sortie de la réunion, le scientifique congolais interpelle son concurrent béninois en le rattrapant de petites foulées.

JOSEPH OKEMBA

Monsieur Glèlè ! Une minute s’il vous plaît.

Le scientifique béninois se retourne, quelque peu intrigué.

JOSEPH OKEMBA

Je voudrais vous parler de quelque chose. En fait, j’ai un gros souci et j’espère que vous puissiez m’aider. On dit souvent que Dieu passe par quelqu’un pour secourir. Vous êtes sûrement mon sauveur.

JUSTIN GLÈLÈ ( sourire gêné )

Si vous le pensez, en quoi puis-je vous aider ?

JOSEPH OKEMBA

Vous êtes bien béninois, pas vrai ? 

JUSTIN GLÈLÈ

Je pense vous l’avoir confirmé tout à l’heure. 

JOSEPH OKEMBA ( les paumes de mains présentées aux cieux)

Merci Zambé (Seigneur en langue lingala) ! Vous allez pourvoir m’aider à  » effacer  » mon ami Hans. Je suis fou amoureux de sa femme et… 

L’éberlument de son confrère pousse le chercheur congolais à se précipiter en justifications.

JOSEPH OKEMBA

Je ne veux pas le tuer, juste le rendre un peu zinzin ! Vous voyez ce que je veux dire ? Par la grâce de Dieu, avec vous, ça va aller. 

JUSTIN GLÈLÈ

Par la grâce de Dieu, vous trouverez un meilleur sorcier chez vous, cherchez bien.

JOSEPH OKEMBA

JUSTIN GLÈLÈ

Je suis là pour remporter le financement de la Banque Africaine de Développement ( BAD ) sur ce challenge afin d’apporter une solution énergétique verte à mon village. Voyez vous, si j’étais aussi fort, je n’aurais qu’à claquer les doigts et la lumière éblouira ma belle vallée et ses antilopes de manière continue.

Il tourne ensuite les pas, laissant son interlocuteur confus.

Le lendemain

Si tu es vraiment béninois, marche sur la mer !

crédit : Pixabay

PEDRO CARLOS

Bonjour Justin, comment allez-vous aujourd’hui ?

JUSTIN GLÈLÈ

Salut cher ami. Heureux de constater que vous n’avez plus peur de moi. 

Joseph les rejoint.

PEDRO CARLOS

J’ai appris hier que vous n’êtes même pas capable d’éclairer votre village d’un coup de balai magique. Vous êtes sans aucun doute le plus imposteur des béninois !

JOSEPH OKEMBA

Fais gaffe cher ami, ils sont vraiment forts. 

PEDRO CARLOS

Oui , ils sont forts. Mais tu sais ce qu’on dit de la magie noire ? Elle ne sert qu’à détruire. Ils sont bénis dans le noir !

JUSTIN GLÈLÈ

Je devrais ramener votre bouche sur votre nuque pour cet affront !

Les deux nouveaux compères détalent.

JUSTIN GLÈLÈ ( consterné )

Humm comment se défaire de cette malédiction ! 

QUIDAM

En dotant votre village et des milliers d’autres du monde de cette solution révolutionnaire en matière d’énergie électrique écologique. Votre projet est remarquable, Monsieur Glèlè. Tous le jury est unanime pour vous accorder le financement. Nous l’annoncerons dans quelques minutes. 

GLÈLÈ ( époustouflé en se retournant )

J’en suis flatté Monsieur. Merci beaucoup !

PRÉSIDENT DU JURY

C’est un honneur de rencontrer un esprit « lumineux » tel que le vôtre. 

Quelques minutes après l’annonce officielle du vainqueur, Justin va féliciter ses concurrents. 

PEDRO CARLOS ( dépité )

Je ne comprends pas, j’ai pourtant tout bien fait !

JUSTIN GLÈLÈ

Votre projet était très compétiteur. À vrai dire, c’était celui que je craignais le plus. Mais lors de la démonstration, vous avez omis d’enclencher le bouton delta pour le dernier renvoi, ce qui a compromis le fonctionnement correct du dispositif. 

PEDRO CARLOS

Merde ! Je savais, j’étais trop nerveux !

JUSTIN GLÈLÈ

En effet, vous l’étiez. J’essayais de vous le souffler, mais vous étiez trop concentré à éviter soigneusement mon regard. Vous aviez trop peur que je ramène votre bouche sur votre nuque !

( Rires nerveux )

JUSTIN GLÈLÈ

Ce cliché que vous vous êtes forgé à mon égard a détruit votre chance de victoire. Et vous, Joseph, vous n’avez pas su peaufiner la présentation de votre dispositif qui avait toutes les chances de retenir l’attention du jury ; parce que vous étiez plus préoccupé à penser que votre concurrent que je suis a le pouvoir de balayer l’obstacle sur le chemin vers la femme que vous convoitez et refuse de vous aider parce qu’il a le cœur aussi noir que l’âme. Vous vous êtes tous condamnés d’avance. 

Confus, les concurrents de Justin inclinent tristement la tête.

JUSTIN GLÈLÈ

Vous êtes venus ici dans un but précis et avez amenuisé vos chances pour le concrétiser parce que vous y avez rencontré un béninois ! Eh bien le béninois vous invite chez lui.

PEDRO CARLOS ET JOSEPH OKEMBA ( en choeur et se dévisageant )

Comment ? 

JUSTIN GLÈLÈ

Comme je l’ai dit, vos formules sont remarquables. Une combinaison de nos trois solutions serait optimale pour régler durablement la problématique de la crise énergétique sur notre continent. Autrement dit, avec mon financement, je vous propose de m’aider à rapidement concrétiser l’électricité verte dans les villages de mon pays. Nous irons par la suite, dans les vôtres et ceux autres d’Afrique. Enfin, si vous en reveniez en entier ! 

( Éclats de rire )

Un peu plus tard, Pedro et Joseph vont retrouver Justin dans sa suite d’hôtel. Celui-ci prépare sa valise.

JOSEPH OKEMBA

Nous acceptons ta proposition, cher ami. 

PEDRO CARLOS

Nous avons hâte de découvrir Agb- Agban

JUSTIN GLÈLÈ

Agbangnizoun !

Le gardien de nuit

Danse du Zangéto à Guézin au Bénin- 10 janvier 2020 – Crédit photo : Adoscam / WIKIMEDIA COMMONS

Un mois plus tard

JUSTIN GLÈLÈ

Chers amis, bienvenue à Agbangnizoun !

PEDRO CARLOS

Le village du plus grand imposteur de tous les béninois ! 

 ( HAHAHAHA ! )

Quelques jours après leur arrivée au Bénin, Justin Glèlè emmène ses hôtes à Porto-Novo, la capitale béninoise. Ils y assistent à une parade des Zangbéto lors d’un festival local.

JOSEPH OKEMBA

Qu’y a t-il en bas ? Qu’est-ce qui “le” fait danser comme ça ?

PEDRO CARLOS

Ils nous l’ont pourtant montré avant !

JOSEPH OKEMBA

Impossible de me faire avaler ça. Ce truc qu’on nous as présenté ne peut pas faire danser ce masque géant ! 

PEDRO CARLOS

Je pense que la vraie question est : quel est ce truc, Justin ? 

JUSTIN GLÈLÈ 

Vous devriez commencer par éviter de l’appeler « le truc ». Le Zangbéto est sûrement le plus authentique des béninois. Gardien de nos nuits, son seul mystère est de nous protéger tout en nous égayant comme maintenant. Il rassure pour ceux qui lui accordent leur foi tout en distrayant nos âmes de leurs soucis, de stimuler vos esprits en curiosité et découvertes. Je ressens cette fascination pareillement que vous. Et si j’avais envie de retourner ta bouche sur ta nuque, Paul, cela m’étonnerait qu’il soit enclin à me l’accorder. 

( SOURIRES)

Quelques heures après la fin du spectacle, Joseph sort de son lit en sueurs. Il soupire longuement et appelle Justin au téléphone.

JOSEPH OKEMBA

J’ai la tête qui tourne, je n’arrive pas à dormir, je crois que je vois des bébés zangbéto danser autour de moi. 

JUSTIN GLÈLÈ

Ça c’est plutôt le sodabi (eau-de-vie à base de vin de palme ), cher ami ! Tu aurais dû m’écouter et le consommer avec modération.

JOSEPH OKEMBA

Tu sais ce qu’on dit: «  il ne faut rien refuser des génies ! »

JUSTIN GLÈLÈ

Rire ! 

« C’est l’Afrique qui gagne ! »

crédit : istockphoto

Trois mois plus tard, la lumière se fait à Agbangnizoun à partir d’une source d’énergie renouvelable révolutionnaire.

Dans le vol pour aller à Matadi au Congo chez Joseph Okemba, les trois amis font le point de leur aventure.

PEDRO CARLOS

Sacré Justin ! C’est vraiment généreux de ta part de nous avoir invité sur ton projet; grâce auquel nous avons reçu cet accompagnement exceptionnel de la BAD. 

JUSTIN GLÈLÈ

C’est l’Afrique qui gagne. Nous sommes ses dignes fils; notre ambition devrait rester telle et non chercher à rendre zinzin son meilleur ami pour lui piquer sa femme ! 

( RIRES)

JOSEPH OKEMBA

J’ai été vraiment un farfelu. Grâce à ce projet, j’ai pu rencontrer la brillante Faty de Parakou qui est la vraie femme de ma vie. J’approuve donc ta leçon, merci au plus imposteur des béninois !

( RIRES )

PEDRO CARLOS

Faudrait peut-être penser à lui retirer ce surnom ?

JUSTIN GLÈLÈ 

Il ne me dérange plus ! À vrai dire, je ne sais si je l’aurais fait avec mes frères béninois s’ils avaient été à votre place. J’aurais été plus préoccupé à leur démontrer que je suis meilleur qu’eux et me serais réjouis de les voir se planter pour me laisser la tête du podium. 

Pedro et Joseph dévisagent gravement Justin, le poussant à s’expliquer. 

JUSTIN GLÈLÈ

D’après une fine observation, le béninois serait généreux et incroyablement avenant envers l’étranger, mais extrêmement compétitif envers son frère au point d’être tenté de recourir aux coups de vice pour le surclasser, pour les plus extrêmes. Ce serait entre autres, la raison pour laquelle nous traînons cette infamie de « bénis dans le noir. » Nous avons tout pour briller, mais craignons, pour la plupart, de le faire ensemble. La fameuse malédiction nous ferait alors tout perdre !

PEDRO CARLOS

Pour tous à la fois !

JOSEPH OKEMBA

Bah je pense qu’on est un peu comme ça, un peu partout. L’esprit de compétition est inné en tous. Du moins, aux plus brillants ! Nous n’avons nullement besoin de recourir aux forces occultes pour ça !

PEDRO CARLOS

Faudrait nous trouver de vrais clichés, les gars !

JUSTIN GLÈLÈ

Rire ! Eh bien, je vous accorde ce rituel qu’effectue la majorité des béninois : nous confions notre passé et notre avenir à nos ancêtres ainsi que nos journées avant que l’aube ne les caresse. Nous les prions toujours pour tout. 

PEDRO CARLOS

Nous le faisons également.

JOSEPH OKEMBA

Nous sommes pareils finalement !

PETRO CARLOS

Tous des imposteurs ! 

{ RIRES }

Libation et prières aux mânes des ancêtres au Bénin – Crédit photo : Adoscam / WIKIMEDIA COMMONS

JOSEPH OKEMBA

Tenez, et si nous faisions ce qui nous a réunis ? Organisons un concours de vrais clichés de chez nous ! 

Le commandant souhaite la bienvenue à l’Aéroport international de Kinshasa-Ndjili.

C comme Clichés Coopérer

Crédit : Pixabay

JUSTIN GLÈLÈ

Il est l’heure de révolutionner le monde, les amis. Les vrais clichés attendront l’apéro de célébration de nos exploits pour le bonheur du monde. 

Ils se lèvent tour à tour et foncent à l’appel du devoir. 

« COUPEZ ! »

Crédit : Pixabay

Je vous convie à présent à retrouver la synthèse de mon analyse dans la troisième et dernière partie de cette chronique. En attendant, j’aimerais connaître, si vous le voulez-bien, la vôtre. Que pensez-vous de cette illustration de la problématique ? Pensez-vous que cette fiction transcrit la réalité ou qu’elle est un peu, beaucoup extrapolée ?


Les Béninois, aux sombres yeux du monde

« Ils sont bénis dans le noir ! » C’est ainsi qu’ils parlent d’eux. Qui parle ? Et de qui ? Les gens du monde, des Béninois. Princes ou esclaves du vaudou, que sont-ils réellement ?

Le plus grand sorcier de tous les temps ne serait pas de Camelot

Masque Guèlèdè de Kifouli Dossou exposé au musée d'Art du Bénin
Masque Guèlèdè de Kifouli Dossou , Art contemporain – ExpoArt Bénin 2022 / Crédit photo: Valetah

Ils parlent ainsi d’eux comme ils disent :

  • que les Camerounais sont les plus grands Kongosseurs de l’univers depuis sa création. Et pourtant, ils se révèlent être l’un des peuples les plus brillants dans nombre de domaines. Les Feux Amobé Mévégué, Manu Dibango, le Maréchal M’bappé leppé, Mongo Beti, Ferdinand Oyono ; les esprits aussi vivaces que leurs âmes : Djaïli Amadou Amal, Rebecca Enonchong, etc., ont-ils accompli tous ces exploits qui les ont propulsés au rang de légendes en rapportant des commérages sur leurs compères (en kongossant) ? Je vous vois en rire et faire danser vos têtes de gauche à droite ;
  • de la Côte d’Ivoire qu’ils sont pour la plupart “ mal lettrés “ et ne savent que fomenter des plans décalés pour survivre ou faire la fête. Bernard B. Dadié, Isaie Biton Coulibaly, Ahmadou Kourouma, Alpha Blondy ont-ils réussi à écrire et composer tous ces chefs-d’œuvre qui ont enflammé mon âme d’écrivaine depuis ma tendre enfance en suant dans des boîtes de nuit ; à se défier en Roukaskass (danse acrobatique au rythme du coupé décalé; danse rythmique ivoirienne) ? Ou en montant des arnaques derrière leurs terminaux internet ? Bien évidemment que non ! crié- je de toutes mes cordes vocales.

Mais également :

  • les Nigérians, gentilé estampillé d’emblée des pires vices existants. Les émérites Chinua Achebe ; Wolé Soyinka – premier auteur noir lauréat du Prix Nobel de Littérature- ; Chimanmada Ngozi Adichie, fabuleuse romancière engagée et multiprimée le réfutent âprement;
  •  les Asiatiques, longtemps charriés sur leur mode de vie et médecine des plus ancestrales voire rudimentaires. Qu’ils ne se nourrissent que de riz, de thés et de fleurs. Ils disposent ironiquement de la meilleure espérance de vie au monde. Les centenaires de la vallée de Bama en Chine l’illustrent avec fascination dans le reportage éponyme de l’émission Sept à huit.

On s’en arrête là pour les parallélismes et autres antithèses illustratives. 

Merlin, cet imposteur !

Bio Guéra, vaillant prince guerrier béninois
Statue de Bio Guera, vaillant prince guerrier béninois sur son cheval d’assaut à Cotonou / Crédit photo : Valetah

Tous ces braves peuples à l’instar de nombre d’autres de l’univers ont quelque chose en commun : ils sont victimes de clichés de mauvais goût. Mais qui demeurent heureusement pour la majorité, fort taquins du fait de leurs caractéristiques absurde ou futile. Les Béninois, eux sont victimes d’un stéréotype qui m’exaspère de plus en plus : tout un peuple jugé coupable d’occultisme et condamné d’office ; le plus grand sorcier de tous les temps serait béninois, tous les Béninois.

Pour les plus sarcastiques, ils seraient ni plus ni moins des misérables aliénés du vaudou. Vous me direz :  « les accusateurs sont victimes eux, d’un mal bien pire : l’ignorance misérable. Zappe ! » Non, je n’ai plus envie de zapper. J’ai enfin le réquisitoire adéquat pour pousser mon coup de gueule, alors je le libère tranquille.

Pour la petite anecdote, lorsque pour le concours MONDOBLOG 2022, la très inspirée équipe de l’Atelier des médias de RFI nous proposait de choisir un thème, j’ai vraiment hésité entre celui qui m’a fait intégrer cette incroyable communauté et celui-ci où je devrais démonter une rumeur erronée / ignorante. Maintenant que je suis calée ici comme on le dit dans bien de contrées africaines, il n y a aucune chance que je zappe !

“Ils” seront tentés de démonter mes arguments suscités en avançant que partout il y a des génies, des talents, mais pas des sorciers. Partout il y a de tout. Je contre-attaque d’emblée. 

De quoi il retourne concrètement ? Regardez, je vous prie.

ACTION, ÇA TOURNE ! 

À suivre… ( Partie 2 : Fiction illustrative de la problématique )