25 novembre 2022

Mon livre « Rama », histoire d’une jeune nigérienne mariée de force

Ce 25 novembre démarre les 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre pour l’année 2022. Je l’ai choisi pour présenter au monde la note d’intention de mon livre Rama, cri de corps d’une bébé-épouse. Fiction inspirée de faits réels, Rama est une chronique insoutenable de la vie d’épouse puis de mère de Ramatou Adamou, une jeune nigérienne de 12 ans, mariée de force par son père à un vieil homme sadique.

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Résumé du livre « Rama, cri de corps d’une bébé-épouse »

Stop au mariage des enfants
Rama, cri de corps d’une bébé-épouse, Valetah

Ce livre relate sans anesthésie, le martyre d’une enfant de 12 ans offerte en mariage par son père à un vil quinquagénaire sous le prétexte de la pauvreté. Rama nous confie chronologiquement les abus sexuels et toutes formes de maltraitances qu’elle subit quotidiennement sous le joug de son bourreau de mari, quelques années seulement après son excision cauchemardesque. Elle expérimente le paroxysme de ce qu’elle nomme l’enfer lorsqu’elle manque de périr en tentant de donner la vie. Sa rencontre providentielle avec une jeune femme lui fait découvrir les sensations de l’espoir, un espoir bien fragile. Inébranlable croyante en Allah et la personnification d’une résilience extraordinaire, elle s’y accroche de tout ce qui lui reste de souffle.

Les drames découlant du mariage des enfants

Nous découvrons avec stupeur au travers de cette fiction l’enfer que vivent les enfants et adolescentes contraintes au « mariage », cruelle réalité encore ignorée ou sous-estimée de beaucoup de personnes. Le Niger est l’un des seuls pays du monde où cette pratique est criarde. Son gouvernement est résolu à l’éradiquer, en partenariat avec un grand nombre d’organismes internationaux profondément engagés. Plusieurs programmes et plans d’actions sont ainsi mis en œuvre et sont périodiquement réévalués afin de concrétiser la résolution de cette problématique instante.

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Un livre de plus ?

Il n’y aura jamais suffisamment de livres, de films, de documentaires, de témoignages de toutes formes et horizons pour dénoncer et sensibiliser le monde aux violences basées sur le genre. Le mariage des enfants est pour moi la plus infâme de toutes. La chronique de Ramatou Adamou transcrivant les hurlements de son corps de bébé-épouse est la meilleure arme, certes fort acérée, mais l’ultime que j’ai trouvée pour m’ériger sur la ligne de front de ce combat qui nous défie, perdu d’avance. Je l’ai voulue tranchante et brève. Moins calibrée qu’un roman, il s’agit d’une nouvelle suffisamment longue pour transmettre concisément et précisément le message.

Un cauchemar plus réaliste que jamais

Les chiffres de l’UNFPA font froid dans le dos. Chaque jour, aux quatre coins du monde, de très jeunes filles et même des garçons condamnés au mariage élèvent leurs supplications au ciel ; ayant perdu tout espoir aux humains les entourant pour les défendre. Par ce livre, je souhaite leur dire que nous les entendons et j’aimerais que le reste du monde se réveille et les entende aussi.

Les mots servent à exprimer nos plus profonds ressentiments en toute transparence et avec intransigeance ; les images le font mieux. J’ai voulu écrire ce livre et le transposer par la suite en un court-métrage afin d’exposer de manière grave et sincère, ce que vivent réellement ces petites filles données de force en mariage partout dans le monde et en particulier au Niger, triste détenteur du record mondial de cette infamie.

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Rama, cri de corps d’une bébé-épouse, pour une prise de conscience à vif

Au plus bas de mon idéalisme, je garde le fébrile espoir que si les parents et tous les acteurs concernés découvrent réellement le supplice qu’ils font vivre à ces enfants au travers de cette pratique pernicieuse ; aussi bien sur les plans physique, sanitaire, psychologique, et économique ; ils arrêteront instamment d’y contribuer. Ils auront enfin le déclic de la prise de conscience et militeront pour son arrêt.

Aussi, je m’accroche à cette conviction comme Ramatou a maintenu sa foi brûlante en Allah, qu’aucun parent au monde, aussi indigent et conservateur soit-il, ne voudrait que sa fille vive ce qu’a vécu Rama s’il savait exactement ce qui l’attend dans une union matrimoniale à cet âge. Il préférerait qu’elle s’instruise le plus longuement possible afin de les sortir de cette misère cynique et coupable. Oui, avec « Rama, cri de corps d’une bébé-épouse », je nous oblige tous à écouter ces enfants se faire violenter sur tous les plans et aspects de leur fragile vie.

Tous concernés par la sensibilisation

En renfort aux plans et programmes d’action du gouvernement nigérien et de ses nombreux partenaires internationaux, cette œuvre se veut un outil de sensibilisation de première heure pour une prise de conscience immédiate et collective, à l’instar de toutes celles produites et à venir. Cela afin de libérer les destins enchaînés des magnifiques étoiles nigériennes, mais également celles de tous les cieux ténébreux du monde.

Je n’ai pas la prétention de revendiquer avoir créé le meilleur récit qui résorbera miraculeusement le fléau. Mon authentique objectif est de contribuer à relayer la sensibilisation le plus efficacement et le plus largement possible. Il est résolument temps d’agir. Agissons tous, du peu que nous pouvons, mais ne laissons plus ces petites filles condamnées à ce martyre sous prétexte que nous ne sommes pas au courant ou directement liées à elles. Parce qu’il est avant tout question d’enfants et tout enfant mérite la protection des adultes en dépit de tout lien de parenté.

Valetah

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