Les violences basées sur le genre au Niger, avec Aïcha Macky et Abdoul-Rafik Gaïssa

Article : Les violences basées sur le genre au Niger, avec Aïcha Macky et Abdoul-Rafik Gaïssa
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28 février 2023

Les violences basées sur le genre au Niger, avec Aïcha Macky et Abdoul-Rafik Gaïssa

Levons le voile sur les violences basées sur le genre (VBG) au Niger avec une nigérienne et un nigérien engagés.

Elles sont souvent magnifiées par les plus beaux adjectifs. Elles subissent pourtant les pires horreurs aux quatre coins et recoins du globe de la part de ces personnes pour qui elles se dévouent tant. Ces personnes qui, en suivant leur logique de « supériorité » sont censées les protéger. Une femme ou une fille continue de subir toutes les trois minutes, au moins une forme de violence dans le monde. ONU Femme avance des chiffres encore plus effarants dans la spécificité du fléau et dans la globalité de son étendue. Ce soir, je pose mon regard sur un point particulier du globe : le Niger.

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38% des nigériennes victimes de violences

La femme nigérienne évoque la beauté et la délicatesse de la sahélienne. Elle est précieuse pour sa Nation et pour ses hommes (père, époux, frères et fils). À tel point qu’une journée spéciale a été institutionnalisée par décret présidentiel pour la célébrer : le 13 Mai. Avec le 8 mars, les nigériennes disposent ainsi de non pas un mais deux jours pour réfléchir et célébrer leur condition de femme dans leur société et dans le monde. Pour cause, certaines subissent de profondes meurtrissures : plus de 38 % des nigériennes étaient victimes de violences basées sur le genre en 2021, selon l’Agence Nigérienne de Presse. Dans le cadre des 16 jours d’activisme pour la lutte contre les VBG, nous avions décidé de lever le voile sur la spécificité des violences que subissent ces perles du désert.

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Un « fléau » principalement causé par des raisons économiques

Qui serait plus légitime pour parler des violences subies par les nigériennes qu’une nigérienne profondément engagée sur la cause ? Elle se nomme Aïcha Macky Kidy, réalisatrice nigérienne engagée. Notre discussion était également en compagnie d’Abdoul-Rafik Gaïssa, un jeune nigérien sensible aux réalités de ses consœurs et de ses mères.

QUESTION 1 : Qu’est-ce qui rendrait la femme nigérienne particulièrement vulnérable aux violences que subissent toutes les femmes dans le monde ? Est-ce vraiment culturel ?

RÉPONSE 1 : Les violences basées sur le genre au Niger se résument sous trois formes « urgentes » : les violences économiques, physiques et culturelles. Ces dernières regroupent principalement le mariage précoce et forcé et ses conséquences dramatiques. Les filles nigériennes sont malheureusement les plus exposées à ce fléau. 

QUESTION 2 : Quelles en sont les causes ?

RÉPONSE 2 : La cause principale de ces violences est d’abord économique, vient ensuite le facteur culturel. Dans le cas du mariage précoce, certains parents font face à un tel état de dénuement qu’ils préfèrent donner leurs petites filles en mariage contre une « dot » afin de continuer à faire survivre le reste de la famille. Pour d’autres au contraire, c’est un moyen de leur épargner des grossesses hors mariage ou simplement les préserver de la prostitution. 

QUESTION 3 : Aïcha, vous êtes la révélation même que la femme nigérienne, même avec de maigres moyens peut être pleinement épanouie sans dévier de sa culture ni de sa religion. Pourquoi vous et pas elles ?

RÉPONSE 3 : L’éducation de base, mais surtout l’instruction et l’implication des hommes. Ma mère [de Aïcha, NDLR] voulait à tout prix que je réussisse ; mon père, encore plus. Aujourd’hui, mon époux me soutient dans tout ce que je fais. 

QUESTION 4 : Qu’est-ce qui pourrait révolutionner la lutte ?

RÉPONSE 4 : L’instruction pour tous et l’autonomisation des femmes dans le respect de leurs structures familiales est la clé pour réduire les Violences Basées sur le Genre.

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Les hommes, indispensables pour l’éradication des VBG au Niger

J’ai pu conclure de cette discussion enrichissante que les violences basées sur le genre au Niger sont multiformes. Elles constituent ainsi une problématique urgente dont la résorption passe inévitablement par la résolution du facteur économique. 

Par ailleurs, l’analyse minutieuse du rapport de l’UNFPA intitulé « Ampleurs et Déterminants des VBG au Niger » confirme que la société nigérienne, à l’instar de plusieurs dans le monde, est fortement patriarcale. L’ascendance de l’homme sur la femme n’est pas un mythe, excepté chez les peuples nomades notamment Touaregs où le phénomène contraire est observé. Dès lors, je prends conscience qu’il serait un leurre de penser éradiquer les VBG au Niger sans le concours des hommes. Il ne serait question d’une injonction, mais d’un rappel à leur bon sens, à leur humanité. Ainsi nous nous attelons à la sensibilisation et laissons la responsabilité de la répression à la justice ; le Niger étant après tout, un État de droit et signataires des différentes chartes garantes des droits de l’homme.

L’instruction, la clé maîtresse du combat

Toutes les femmes, en particulier les femmes nigériennes, sont capables de créer des merveilles à partir de peu de choses. Avec le soutien des hommes de leurs vies, elles deviennent extraordinaires comme Aïcha. J’en déduis qu’une femme autonome ne signifie pas une femme qui n’a pas besoin d’un homme. C’est pour cette raison que l’instruction, qu’elle soit scolaire ou artisanale, est indispensable pour une bonne compréhension de l’enjeu à tous les niveaux. 

Le gouvernement nigérien et ses partenaires internationaux dont l’Union Européenne et l’Initiative Spotlight mènent déjà des actions fortes pour éclaircir le tableau des VBG au Niger. Les hommes en général, et nigériens en particulier, sont à leur tour interpellés pour une lutte efficace. À ce propos, je ferai dans mon prochain billet, le point de ces « mâles » qui s’illustrent magistralement dans la défense des droits des femmes à travers le monde.

Femme + Homme pour un monde sans violences ! 

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+ Les VBG au Niger selon Aïcha Macky en audiovisuel

Au Niger, la pauvreté se conjugue au féminin.

Aïcha Macky Kidy, pour Initiative Spotlight #16DAYS2022

Afin de mieux saisir son émotion sur le sujet, je vous propose de visionner la magnifique analyse de Aïcha Macky sur les violences dont sont victimes certaines de ses consœurs. Mais surtout les conditions indispensables qu’elle relève pour en venir à bout.

Interview de Aïcha Macky Kidy sur les VBG au Niger par Initiative Spotlight #16Days2022. Crédit : Initiative Spotlight Niger
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Commentaires

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Deux choses ont retenu mon attention dans ce billet :
1- l'importance de l'instruction des femmes
2- Une femme autonome ne veut pas dire qu'elle n'a pas besoin d'un homme dans sa vie. C'est un point très important, car avoir un travail est une chose, avoir un mari ou un compagnon en est une autre.
Jolie billet.

Valetah
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Merci à vous pour votre contribution.